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Voici le sommaire du numéro 5:
* De l'orage dans l'air
* Grève à l'école
* Conversation
* Le chantier du centre fermé avance... qu'est-ce qu'on attend?
* Magouilles et encore de la torture à la prison de Forest
* 50 pourcents
* Le travail
* Contre le mur
* Brèves du désordre 5
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DE L'ORAGE DANS L'AIR
De beaucoup d’années, on nous a raconté que tout était rose. Même s’ici et là dans ce pays certaines choses n’allaient pas trop bien ou n’étaient pas trop justes, ça nous allait soi-disant bien, on devrait mieux de ne pas trop s’inquiéter. Nombreux sont ceux qui ont écouté ce message et ont éprouvé leur bonheur en essayant de gagner plus d’argent, en développant une modeste carrière, en ne réfléchissant pas trop pour jouir d’une semaine de vacances all-in à l’année, de nouvelles voitures et de portables étourdissants. Avec le sponsoring bienveillant de tous les partis politiques et les syndicats, il semblait devenu le sport national de faire comme si de rien n’était, comme si le ciel était tout clair.
Maintenant, il devient toujours plus difficile de prétendre que le ciel est d’un bleu d’acier. Des nuages noirs s’entassent au dessus de nos illusions et à certains endroits, la tempête s’est déjà déclenchée. Des licenciements massifs, une augmentation de la pauvreté, une notion croissante de l’inanité de l’existence qu’on nous offre, la démolition des soi-disant « acquis sociaux », les augmentations des prix, toujours plus de violence entre ceux qui l’ont toujours plus difficile à tenir la tête hors de l’eau. Certains l’appellent « crise », d’autres « la bulle de savon des marchés financiers qui explose » et encore d’autres « un passage nécessaire pour assainir l’économie. » Quoi qu’il en soit, une chose est sûre : le temps des illusions de rose et de clair de la lune compte ses derniers jours.
En Europe, et aussi ici en Belgique, la « Bonne Nouvelle » du capitalisme et de la paix sociale rachetée en donnant à plus de gens l’accès à un certain niveau de consomption, aplanit la voie pour la brute loi de la survie. Plus de cadeaux, car les managers voient diminuer leurs profits. Plus de « tolérance » envers les pauvres, car les banques ont besoin de milliards d’argent du fiscal pour pouvoir continuer à réaliser les chiffres d’affaires. Plus de piété pour les perdants dans la concurrence effrénée, car sinon l’économie continuera à traînasser. Et pendant qu’en Grèce des dizaines de milliers de personnes engagent le combat contre cette saignée planifiée, ici en Belgique, à part quelques échauffourées, ça reste effrayamment tranquille.
De beaucoup d’années, ils nous ont endormis. Ils nous ont fait rêvé de faire une carrière, d’un bonheur qu’aussi nous qui ne sont pas à la tête des entreprises, des banques et des institutions, pouvaient aller acheter au supermarché. Ils nous ont fait oublier qu’est-ce que c’est lutter pour quelque chose de complètement différente, comment goûte la vraie liberté. Maintenant nous nous réveillons brusquement, l’un un peu plus vite que l’autre, et nous regardons dans le vide, encore étourdi de sommeil. Nous nous réveillons dans un monde où gagner la fin du mois n’est plus une évidence. Où nous ne savons plus comment forger des liens de solidarité face au goinfre de l’économie. Où on ne cesse de construire de nouvelles prisons et de centres fermés pour étrangers afin de pouvoir écraser immédiatement une éventuelle croissance du mécontentement. Où plus aucun vert n’est épargnée de la pollution et l’intoxication industrielles. Nous nous réveillons et le monde à l’air terriblement moche.
Nous sommes dans un sale pétrin. Nous devrions recommencer de zéro, nous armer d’idées qui sont véritablement les nôtres et trouver des manières de lutter qui ne cherchent pas de compromis avec ceux qui sont en train de faire de ce monde un grand cauchemar. A travers notre propre révolte, invitons aussi nos contemporains qui ont encore le regard hébété à la lutte contre l’asservissement de notre existence, appelons à la guerre sociale contre tous les oppresseurs et exploiteurs.
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