mardi 20 avril 2010

Les bus sous escorte policière pour mieux se faire caillasser ?

"A Tremblay-en-France, pas encore de reprise du travail ce vendredi matin pour les conducteurs de bus. Jeudi, de nouveaux caillassages avaient visé le fourgon de police qui accompagnait un bus de voyageurs, sur les coups de 19h30. Mercredi soir, c'étaient trois bus qui étaient directement été visés. Au moins un était escorté par la police. Un projectile avait entièrement traversé le bus de part en part.

Début avril, Brice Hortefeux avait cherché à s'impliquer sur ce secteur particulièrement tendu depuis un reportage de TF1 sur le trafic de drogue de grande ampleur, qui est de notoriété publique localement.

Le principal geste du ministre de l'Intérieur avait été de promettre une escorte policière aux chauffeurs de bus caillassés. Et l'on peut finalement se demander si la présence des forces de police ne fait pas davantage office de chiffon rouge.

Les caillassages de voitures de police ne datent pas d'hier. Et la présence d'une voiture de police pourrait bien augmenter le risque de recevoir des projectiles.

Interrogé par Rue89, Yannick Danio, porte-parole du syndicat de police Unité-Police, juge d'ailleurs la stratégie choisie peu opportune :

« Nous étions sur la même ligne que les conducteurs de bus qui pensaient plus adapté de faire intervenir dans les bus des médiateurs, à la façon des grands-frères. Et pas de sortir CRS et gendarmes mobiles, qui font en effet l'objet de caillassages quotidiens. Il faut utiliser les racines locales qui peuvent aider à solutionner un problème social- au moins en partie. »

Si l'on épluche les archives de la presse locale sur le Web, on tombe sur plusieurs épisodes par semaine. En juin 2009, le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino lui-même, avait essuyé des tirs un jour où il circulait en voiture de police à Montfermeil (Seine-Saint-Denis).
De plus en plus de policiers visés

Pas plus tard que le 30 mars, le Figaro révélait une note interne que lui avait communiquée la Direction centrale de la sécurité publique (DCSP). Ce document montre que le rythme des attaques contre les forces de l'ordre tend plutôt à augmenter (en tous cas dans les statistiques officielles). Bilan noir sur blanc :

« Sur l'ensemble du territoire, au cours des deux premiers mois de 2010, 1 100 policiers ont été blessés en action, dans le cadre d'un maintien ou d'un service d'ordre et dans un contexte de violences urbaines. »

Plus loin, les services du ministre de l'Intérieur précisaient que le nombre de policiers blessés dans le cadre d'une mission avait progressé de près de 5% en 2009. Soit 5 358 policiers au total, sans toutefois qu'on sache l'ampleur des blessures.

Pas sûr que ces chiffres soient de nature à rassurer les chauffeurs de bus de Tremblay-en-France. En Seine-Saint-Denis -le département où se situe Tremblay-, le retour de la police de proximité avait précisément été salué par des salves de caillassages et jets de bouteilles contre les Uteq.

C'était mi-avril 2008. Pas de blessé ce jour-là mais l'indication d'une vraie défiance face à des voitures non banalisées. Au lendemain du caillassage, le chef de la Sécurité publique de Seine-Saint-Denis, David Skuli, parlait d'une réaction « attendue » :

« C'est un bon signe, cela montre que l'on touche à l'endroit qui fait mal et démontre que notre action gêne les délinquants. C'est justement pour cela que les Uteq ont été créées. »"

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