vendredi 30 avril 2010

Analyse d’un dossier d’instruction antiterroriste

"Ces quelques pages traitent du dossier d’instruction judiciaire sur ce qui fut, en janvier 2008, la première affaire traitée par une juridiction antiterroriste concernant ce que policiers, juges et médias nomment « la mouvance anarcho-autonome », plus spécifiquement dans cette histoire « la mouvance anarcho-autonome francilienne ». Dans cette affaire, six personnes ont été mises en examen et ont fait de 4 à 13 mois de prison. Les faits reprochés sont divers : détention de fumigènes et de clous crève-pneus en manifestation, tentative d’incendie d’une dépanneuse de police, détention de produits pouvant rentrer dans la confection d’explosifs (chlorate de soude), détention de manuels de sabotages et de plans d’une prison pour mineurs (l’EPM de Porcheville). Ces six personnes sont maintenant soit sous contrôle judiciaire, soit en fuite ; aucune date de procès n’a été fixée. Pour rappel sur ces histoires : http://infokiosques.net/mauvaises_intentions

Il semblerait même que la justice n’ait pas du tout envie d’accélérer la procédure, le parquet a récemment prétendu avoir retrouvé une trace ADN de l’un des mis en examen sur un sabotage datant du mouvement anti-CPE de 2006, soit 4 ans après les faits et 18 mois après avoir prélevé son ADN. L’instruction a donc été rouverte. Pour rappel : http://nantes.indymedia.org/article/19423.

Nous essayons donc dans cet article de reprendre et de résumer quelques éléments intéressants de cette instruction, tant d’un point de vue technique que d’un point de vue théorique. Il va sans dire que de nombreuses réserves doivent être soulignées dans ce type de démarches. D’un point de vue technique nous recopions des passages figurant dans l’instruction, écrits par des flics, des experts ou des juges (indiqués dans l’article entre « » et en italique). Nous ajoutons aussi des résumés ou des explications et interprétations écrits par nous-mêmes. Cela ne signifie évidemment pas que tous les dossiers sont similaires de ce point de vue. Surtout cela ne signifie pas que les flics ne soient pas capables de bien d’autres choses que ce qui est écrit. Par exemple dans notre dossier, il n’est jamais question de balises sur des voitures ou de micros dissimulés dans des appartements ; des techniques qui ont été utilisés dans d’autres affaires. Cela ne signifie pas non plus qu’ils ne l’aient pas fait dans notre affaire et que cela ne figure pas dans le dossier judiciaire. Bref, d’une manière générale les quelques exemples figurant dans ce dossier ne doivent pas être pris comme des généralités. Cet article présente quelques exemples figurant dans un dossier spécifique et rien de plus. Il nous a semblé néanmoins intéressant de publier et de partager ces quelques éléments, qui n’ont rien de bien neufs en soi, avec tous ceux qui un jour ou l’autre peuvent se retrouver dans des situations similaires.

Nous pensons d’ailleurs qu’il serait intéressant que ceux qui ont accès à des dossiers dans d’autres affaires en fassent de même, surtout quand ces dossiers concernent directement ou indirectement bien plus de monde que les seuls mis en examen. Nous pensons évidemment en premier lieu aux inculpés de l’affaire dite de « Tarnac » qui n’ont jamais fait clairement cette démarche envers tous ceux qui pourraient être concernés tout en laissant le dossier entièrement ouvert à pleins de crapules journalistiques de passage (Le Monde dès mars 2009, L’Express, Libération…). Cette distorsion en dit long sur l’état d’esprit des mis en examen de cette affaire face à la justice, mais il est certain que les médias que nous avons cité sont les mieux placés pour faire passer leur discours démocrate policé sur les gentils petits étudiants que le méchant juge Fragnolli empêche de planter tranquillement des carottes. Et qu’on ne s’y méprenne pas, il n’est nullement ici question de régler des comptes mais de souligner l’inconséquence politique très grave de laisser des médias avoir accès à des données parfois sensibles ou intimes d’une instruction tout en refusant de le faire pour les proches qui peuvent être directement concernés."

Suite ici : http://nantes.indymedia.org/article/20525