"Lisbonne - Sur la quantité et la qualité*
Angry News From Around The World, 31 mai 2010
Samedi 29 mai, il y avait une manif à Lisbonne, appellée par la CGTP (le plus grand syndicat) contre le gouvernement et les mesures d’austérités qu’il adopte. Il y eu une foule massive (300 000 personnes), manifestement avec des chiffres qui ne veulent rien dire. Pas de flics anti-émeutes en vue, et ce n’est pas seulement parce que le CGTP a son propore "service d’ordre", mais principalement due au sang-froid des gens, généré par des décénies de lavage de cerveau et du contrôle de signes minimum de mécontentement par les syndicats. Assumant le fait que les rues et les sentiments de mécontentement n’appartiennent pas aux syndicats, il y eut un appel à un rassemblement anticapitaliste, auquel se joignirent environ 50 anarchistes et anti autoritaires.*
Ce groupe, portant une banderole disant "Le capitalisme ne se réforme pas, détruisons le" ainsi qu’une variétés d’autres banderoles, décida finallement de faire sa propre manifestation à l’extérieur de la manif principale, hurlant des slogans (la plupart étaient apparus sur le smurs partout dans Lisbonne la nuit précedante) : "Contre la mafia syndicale, Guerre sociale", "Sabotages et grèves sauvages", "Contre l’Etat et le Capital, Guerre sociale", "La liberté vit dans nos coeurs, abattons les murs des prisons" et "Avides de notre liberté, nous détruirons toute votre société". De temps à autres, ces slogans furent repris par des personnes à l’intérieur de la manif officielle.
A un moment donné, le groupe décida d’entrer dans la manif officielle, et immédiatement les voyous syndicaux du "service d’ordre" (qui nous suivait), aidés par des flics en civil, nous ont repoussé en nous disant qu’on ne pouvait pas entrer dans la manif. A c emoment, d’autres personnes ont également commencé à gueuler contre ces contrôleurs. Après des échauffourés et des menaces, le groupe parvint à faire son chemin dans la manif. Au bout d’un moment, et parce que la plupart d’entre nous s’étaient engagé-e-s à ne pas participer au grand cirque politicien, mais de refuser qu’on nous dise ce qu’on a à faire ou pas, nous avons simplement décider de nous écarter à nouveau de la manif principale.
A la fin de la manif, à proximité d’une "très pittoresque" rue pavée, pleine de bars et de restaurants remplis de touristes (Rua das Portas de Santo Antao), une voiture de police s’était approché et bloquait la rue alors qu’ils arrêtait un vieil homme, menotté. Les gens concerné avaient entouré la voiture et quelques camarades, allant acheter des chips, essayèrent d’empêcher l’arrestation de l’homme, avec les gens présents. Quelques siffets et une douzaine de camarades supplémentaires arrivèrent sur place en courant, en provenance du square dans lequel ils/elles étaient. Plus de personnes se rassemblèrent également et il y avait déjà une foule de 50 à 60 personnes hurlant aux flics de laisser l’homme tranquille et les traitant de fascistes. Une autre voiture de police arriva sur place (le commissariat est juste au coin de la rue) et pendant ce temps, l’homme arrêté, ses mains menottées derrière le dos, avait été poussé dans la voiture, ce qui énerva encore plus la foule. Elle ne pouvait laisser les flics emmener la victime.
Une unité de CRS arriva ensuite de l’avenue voisine où la démonstration massive était terminée, et ils purent finalement s’exprimer : ils trouvèrent ici l’occasion de s’en prendre à tout le monde. L’un d’entre eux avait un flashball, et ils devinrent complétement fous, frappant quiconque se trouvait sur leur passage. Heureusement, leur furent lancées des chaises se trouvant sur la rue, ainsi que quelques bouteilles. Au milieu de tout ça, on entendit une vieille femme dire "C’est ça le futur".
La foule se dirigea vers une place à côté de la rue, un endroit de rencontre pour beaucoup d’immigré-e-s qui se trouvaient là, alors que de plus en plus de voitures de CRS arrivaient et formaient des lignes pour protéger les autres. Pendant ce temps il y avait environ 200 personnes différentes qui gueulaient contre les flics et au bout d’un moment ils/elles crièrent à l’unisson "Personne ne vous aime". les flics battirent en retraite, descendant une petite rue vers le comico, reculant au son des insultes.
D’un côté, une armée gigantesque, quasiment militaire, de centaines de milliers de syndicalistes discipliné-e-s, chacun-e portant son petit drapeau ; une marche funèbre, pourrait-on dire. De l’autre côté, un simple moment social de consommateurs-trices mécontent-e-s dans un bar et quelques personnes avec la clareté de se protéger face à l’ennemi. Un moment qui fût probablement un peu d’air frais d’une émeute géneralisée qui aurait pu s’étendre aux nombreux-euses immigré-e-s, aux camarades, et aux pauvres qui trainent dans ces rues. Toute une foule de personnes éxclues d’une quelconque sorte de représentation ou de logique de réforme.
Le futur n’est pas encore écrit. Les moments de rebéllion se nourrissent des moments de rebéllions et des sentiments de révolte et de joie. Le contrôle sera de plus en plus dûr à imposer, et leurs matraques nous effraient de moins en moins.
N’embrassez pas la main qui vous nourrit. Mordez la ! "
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