jeudi 11 mars 2010

Et les vaches seront ourlées au mètre

"Nous vivons dans un monde où la consommation de produits animaux est banale, ce qui représente une industrie énorme, se basant sur l'exploitation et la mise à mort de milliards d'animaux par an. Si, de temps en temps, une vidéo sur internet, ou un scandale sanitaire, ou un article sur le rôle de la production de viande dans le désastre écologique, vient troubler quelques peu les esprits et la routine de l'exploitation, cet état de fait ne souffre globalement que de peu de contestation.
Pourtant, les animaux sont des êtres sensibles, capables d'appréhender le monde et de ressentir souffrance et plaisir, peur et bien – être. Et nous
savons que nous pouvons vivre sans en manger, et même sans manger aucun produit d'origine animale.
Le caractère somme toute banal du massacre animal n'est guère étonnant dans un monde où l'on tolère les taules, les expulsions, l'esclavage salarié, la vision de rôles différents selon les genres, une police pour nous dire ce qu'on peut faire et pas faire, et tant de misères encore.

Oui mais voilà, tout cela est lié, et il se trouve que si des groupes résistent à l'oppression des animaux, ils remettent rarement en cause les autres types d'oppression, et de ce vide type « Le sort des animaux concerne tout le monde, de gauche ou de droite », on se retrouve avec de jeunes néo nazis ayant les sites pro – ALF (Front de Libération Animale) en lien sans que cela puisse être considéré comme absurde, on se retrouve avec un débat sans fin parmi les vegans sur « DJ Lt Ripley », qui devait animer un « réveillon vegan » et qui diffuse les pires théories du complot (car le monde est dirigé par de vicieux reptiles cachés sous des masques humains), mais est-ce grave parce que les animaux qu'est ce qu'ils en ont à faire, etc.

En tant qu'anarchistes, nous pensons que vouloir la fin de l'oppression animale est vain si l'on ne s'attaque pas aussi au monde qui la produit, aux valeurs de domination qui la permettent.
Cependant, nous ne pensons pas que la vie pour laquelle nous nous battons puisse voir quotidiennement assassiner des millions d'êtres conscients.
Refuser l'alliance au nom des animaux avec des fafs, des soce dems, etc., tout en affirmant qu'on ne saurait défendre une vie pleine et libre où notre alimentation serait basée sur la mort.

Cela est un peu dur à comprendre si l'on se base sur une vision de l'anarchisme pleine de force, d'héroïsme, de super guerriers du black block, de héros de l'ombre tous grands, avec un cuir et le crâne rasé.
Mais on peut aussi avoir une vision plus sensible de l'Anarchie, qui se soucie de ceux qui souffrent, qui n'a pas peur de dire que oui, on a mal quand on voit le sort faire aux animaux, et que d'ailleurs dans le mépris si profond qu'on leur porte on peut reconnaître celui qui nous est porté par ceux que l'on engraisse.
Car nous connaissons la violence faite au corps, nous que l'on casse à l'usine, derrière une caisse ou une palette. Nous à qui on explique à quoi ressembler, comment doit être notre corps. Corps que l'on gère dans les transports, sur les routes, dans les logements, qui prennent toujours trop de place.

Pour ne pas faire souffrir d'animaux, pour refuser un monde basé sur l'exploitation et l'oppression, refusons de manger des produits animaux, attaquons ceux qui les détruisent !"

Extrait de Même pas peur n°1