" MARDI 9 FEVRIER 2010, un bourreau quelconque, procureur de son état, a réclamé des années de prison ferme contre 10 sans-papiers accusés de l’incendie du camp pour étrangers de Vincennes en juin 2008. Lundi 15 février 2010, la Brigade criminelle est venue perquisitionner et séquestrer dans ses locaux, pour au moins 48h, 5 camarades suspectés de dégradations de distributeurs de billets de banques à Paris, revendiquées anonymement dans la rue les semaines précédentes par des autocollants «contre la machine à expulser».
LE 12 NOVEMBRE 1938, la très républicaine et démocrate IIIe République impose par décret l’internement administratif des étrangers «indésirables» dans des «centres spécialisés». Un an après, le 18 novembre 1939, ce même Etat généralise la mesure pour interner dans des «centres de séjour surveillé» tous «les individus dangereux pour la défense nationale et la sécurité publique». Avec ou sans papiers, étrangers ou «Français», de la IIIe République à aujourd’hui, l’Etat organise la mise en camps de tous les indésirables (centres de rétention, prisons, asiles psychiatriques, EPM), lorsqu’ils ne sont pas directement éliminés sous les balles des keufs, accidentés au travail ou détruits par les camisoles chimiques.
MARDI 9 FEVRIER 2010, un bourreau quelconque, procureur de son état, a réclamé des années de prison ferme contre 10 sans-papiers accusés de l’incendie du camp pour étrangers de Vincennes en juin 2008. Lundi 15 février 2010, la Brigade criminelle est venue perquisitionner et séquestrer dans ses locaux, pour au moins 48h, 5 camarades suspectés de dégradations de distributeurs de billets de banques à Paris, revendiquées anonymement dans la rue les semaines précédentes par des autocollants «contre la machine à expulser».
MULTIPLICATION DES CAMERAS de surveillance à tous les coins de rue (plus de 1000 nouvelles prévues à Paris), construction incessante de prisons de toutes sortes, accroissement du nombre de tabasseurs en uniforme dans les quartiers, contrôles sans fin des chômeurs dans les administrations et écrasement continu de ceux qui taffent avant de les dégager, bombardements humanitaires en Afghanistan, le terrorisme d’Etat voudrait que nous soyons tous soumis, esclaves ou résignés.
POURTANT CETTE FOUTUE PRISON pour sans-papiers de Vincennes a entièrement cramé et beaucoup s’en sont réjouis. Pourtant des banques ont été attaquées en décembre et janvier derniers dans de nombreuses villes, et il ne serait venu à personne l’idée saugrenue de pleurer sur leur sort.
Et on n’a pas oublié non plus la gigantesque révolte de novembre 2005 lorsque des centaines de commissariats, écoles, entreprises et administrations ont été incendiées par les flammes de la colère pendant trois semaines. On n’a pas oublié les manifestations sauvages, les sabotages et les affrontements lors du «mouvement anti-CPE» en 2006 et après l’élection de Sarkozy. On n’a pas oublié non plus les séquestrations de patrons, les menaces de faire sauter l’usine à la bonbonne de gaz ou le saccage de la sous-préfecture de Compiègne par les ouvriers de Continental depuis.
PARCE QU’ILS VOUDRAIENT NOUS CONDAMNER à «travailler» (c’est-à-dire tenter de survivre) pour continuer à engraisser des bourgeois aux quatre coins de la planète ou à «mendier» (des aides sociales, un aménagement de peine, un logement de merde) auprès des gestionnaires quotidiens de notre misère...
PARCE QUE CETTE PAIX SOCIALE qui exige notre collaboration est une guerre menée contre nous au nom du fric...
PARCE QUE LES RAFLES, l’internement et l’expulsion des sans-papiers c’est aussi un contrôle et une exploitation accrus qui nous retombent tous sur la gueule...
...les sabotages de distributeurs de billets ou de l’outil de travail, de serrures ou de voies de chemin de fer, les blocages d’usines ou des rues, les incendies de prisons ou d’ateliers, les occupations d’administrations ou d’écoles, les saccages de magasins ou de sièges sociaux, et toutes les autres actions sans médiation contre l’Etat et le capitalisme que chacun invente dans la lutte sont employés depuis toujours par les rebelles de partout.
NOUS NE NE GOBERONS PAS leurs fantasmes sur d’imaginaires «ultra-gauche» et «anarcho-autonomes» en énième ennemi intérieur, nous n’avalerons pas leurs salades sur ces dix sans-papiers de Vincennes condamnés d’avance, bouc-émissaires d’une révolte collective. L’aspiration à la liberté dans un monde débarrassé de toute domination sera toujours bien plus vaste que leurs cerveaux étroits de flics ne peuvent l’imaginer.
Détruisons ce qui nous détruit.
Liberté pour tous, avec ou sans papiers.
Solidarité avec les révoltes des insoumis de la pacification sociale.
Rassemblement aujourd’hui au métro Château-Rouge à 17h30
Paris, 16 février 2010 "
http://nantes.indymedia.org/article/19725