"Paris : un point suite à l’expulsion des harragas de la rue Bichat
Pour le début voir ici.
Vendredi 27 mai, 17 camarades (8 harragas et 9 solidaires) ont donc été envoyés au comico rue Dallerey (11e). L’occupation du proprio, l’AFTAM (un gestionnaire de foyers) a permis que leur plainte déposée la veille pour "violation de domicile", "occupation illicite" et "dégradations" soit formellement retirée.
Convocations.Sur les 9 solidaires, 3 sont sortis de GAV en soirée, puis une un peu plus tard. Les autres sont sortiEs le lendemain samedi, sous X, c’est-à-dire sans avoir été identifiés du début à la fin. Ces derniers sont mêmes convoqués le 7 juillet au tribunal pour les refus de signalétique (photos, empreintes digitales et ADN). Est-ce que tous ces X s’y rendront est une autre histoire...
Quant aux quatre premiers (identifiés par les keufs), trois sont renvoyés devant la 10e chambre pour ces mêmes refus, et une dernière avec en plus : "dégradations volontaires" (l’effraction supposée ou les ravages des keufs pour entrer ?), plus une seconde dégradation (les flics l’accusent d’avoir voulu taillader la corde dont ils se sont servis pour entrer par une fenêtre latérale). Tout cela au tribunal le 1er juillet.
Rétention. Quant aux 8 harragas, le procureur a abandonné les poursuites initiales ("violation de domicile et occupation") pour orienter les poursuites sur l’infraction au séjour. Ils sont au CRA de Vincennes depuis samedi 28 mai.
Samedi 28 mai. Ce même jour s’est déroulée une manif de Barbès à République organisée par la gauche et ses satellites, où une chrono de la lutte a été diffée (voir ci-dessous) et un cortège autonome organisé avec les harragas. Le soir, un parloir sauvage bruyant s’est déroulé à Vincennes.
Dimanche 29 mai. Pendant que se déroulait un rassemblement solidaire à Couronnes vers 14h, d’autres camarades effectuaient des parloirs cette fois normés et très pointilleux au CRA.
Lundi 30 mai, c’était le tribunal du 35bis, soit un JLD qui décide d’annuler ou pas la procédure (de l’arrestation au CRA) qui les a conduit en centre de rétention. La juge Maistre, sous son air bonhomme et démocrate, n’a pas laissé tous les 8 harragas s’exprimer, et a surtout produit une grosse carotte. En effet, toute la procédure est bien sûr truffée de nullités, vu qu’il s’agit d’une procédure menée de bout en bout par la préfecture de police, sans s’embarrasser de détails juridiques. Ainsi, sur les 13 nullités soulevées par l’avocat (on dit des "moyens"), la juge n’en a retenu que quelques unes, et surtout, pas les mêmes pour chacun des 8 harragas, alors que le dossier est identique pour chacun (et rarement celles qui avaient déjà fait sortir du CRA une partie des harragas suite à l’expulsion de Bolivar : la préfecture est tenue spécifier qu’elle vient non seulement pour expulser le lieu, mais aussi pour vérifier la régularité du séjour des occupants, sinon c’est un prétexte fallacieux pour effectuer ce contrôle, même en ouvrant une procédure incidente par la suite ; plus le fait qu’on ne peut mettre un sans-pap en GAV uniquement pour l’infraction au séjour, et encore moins la reconduire... ils doivent d’après la loi aller au CRA direct...) !
Bref, la juge a formellement annulé la mise en rétention pour les 8, mais seuls 3 sont en réalité sortis, car le parquet a fait appel pour les 5 autres, grâce à la marge qu’elle lui a offert en n’annulant pas pour chacun au motif des irrégularités les plus lourdes du dossier.
Rendez-vous demain 1er juin à l’appel du 35bis 9h pour eux. La lutte continue...
Chronologie de la lutte des harragas tunisiens à Paris
Depuis un mois, de résistances à la police en mouvements d’occupations, les Harragas tunisiens luttent pour les papiers, la liberté, un lieu pour vivre et s’organiser.
Mars, avril et aujourd’hui encore : Arrivée et installation de Harragas tunisiens square du parc de la Porte de la Villette (Paris 19°).
En avril ont lieu des arrestations importantes dans le nord de Paris, puis lors des distributions de nourriture caritatives (Place Stalingrad). La police s’en prend aux campements des squares.
Le 29 avril, suite à des affrontements avec la police, une partie des Harragas trouve refuge à la CIP-IDF (Coordination des intermittents et précaires), quai de Charente (19°).
Le 1er mai, lors de la manifestation, des Harragas décident de former un cortège et prennent la tête de la manif.
Le soir même, ils décident avec des personnes solidaires de leur lutte d’occuper un bâtiment de la Mairie de Paris, rue Simon Bolivar (19°).
Le 4 mai, la Mairie demande l’expulsion du bâtiment, ce qui entraine une centaine de gardes à vue et plusieurs expulsions de Tunisiens en Italie.
Le 7 mai, des Harragas et soutiens décident d’occuper un gymnase de la Mairie de Paris, rue de la fontaine au roi (11°). A ce jour, il tient toujours. Plusieurs manifestations et rassemblements y ont eu lieu malgré les pressions policières.
Le 13 mai, une manifestation parcourt le quartier de Belleville avant de se rendre sur le parvis de l’Hôtel de Ville.
Le 16 mai, en parallèle à l’occupation du gymnase, plusieurs dizaines de Harragas décident avec des personnes solidaires d’occuper un foyer appartenant à l’AFTAM, un gestionnaire de foyers pour immigrés.
Le 21 mai, une manifestation est organisée à Porte de la Villette. Le cortège est arrêté par un important dispositif policier à 100 mètres du départ. Soixante-dix personnes sont arrêtées puis contrôlées au commissariat. Tous sortiront.
Le 22 mai, une trentaine de personnes perturbent un événement commercial pour la relance du tourisme en Tunisie devant l’Hôtel de Ville, "le village du jasmin".
Les propositions d’hébergement faites par la mairie lors des occupations du bâtiment Simon Bolivar ou du gymnase se sont révélées largement insuffisantes en nombre et ne répondent que très peu aux attentes des Harragas. La mairie inonde cependant les médias de ses « bonnes intentions » (déblocage de subventions à des associations humanitaires, ouverture de places d’hébergement). Selon elle, les Harragas sont manipulés par leurs soutiens, ce qui est une manière de ne pas les considérer comme les acteurs de leur lutte et ce qui est un prétexte pour se retirer des négociations.
Le 27 mai, le foyer se fait expulser et 17 personnes sont placées en garde à vue. Les personnes avec papiers sortent avec des convocations pour un procès le 1er juillet. Huit Harragas sont enfermés au centre de rétention de Vincennes.
Le 27 mai, le siège de l’AFTAM est occupé par une trentaine de personnes exigeant le retrait de la plainte pour « occupation illégale et dégradations ». La plainte est finalement retirée.
Le 28 mai, des Harragas tunisiens ainsi que des personnes solidaires forment un cortège dans la manifestation contre le racisme. Une banderole "Ni police, ni charité, un lieu pour s’organiser" rassemblera plus d’une centaine de personnes.
LA LUTTE CONTINUE AVEC OU SANS PAPIERS, LIBERTÉ POUR TOUS
Des camarades du Collectif des Tunisiens de Lampedusa à Paris"
http://cettesemaine.free.fr/spip/article.php3?id_article=4197