jeudi 2 juin 2011

Biélorussie : les anarchistes condamnés jusqu’à 8 ans pour plusieurs attaques

"HNS, jeudi 2 juin 2011

Le 27 Mai, le juge Zhanna Khvoynitskaya a condamné les anarchistes Ihar Alinevich, Mikalaj Dziadok, Aliaksandar Frantskievich, Maxim Vetkin and Yeveni SLivonchik. Les jeunes hommes sont accusés de multiples actions politiques, parmi lesquelles figure l’attaque de l’ambassade de Russie à Minsk en Août 2010.

Ihar Alinevich est accusé des atta­ques contre l’ambas­sade de Russie et la BelarusBank (« Destruction de bien privé avec pré­mé­di­ta­tion » arti­cle 218 para­gra­phe 3 du Code Pénal Biélorusse), une atta­que contre le centre de déten­tion pro­vi­soire de Minsk (même arti­cle), une atta­que contre un Casino et une mani­fes­ta­tion illé­gale au quar­tier géné­ral de l’armée (« Hooliganisme aggravé » arti­cle 339 para­gra­phe 2 du Code Pénal Biélorusse). Le pro­cu­reur deman­dait 9 ans en régime durci [1], il a finalement été condamné à 8 ans de régime durci.

Mikalaj Dziadok a été condamné pour les actions contre le Casino, le quartier géné­ral de l’armée et un syn­di­cat jaune [2] contrôlé par l’état, tout ça étant consi­déré comme « hoo­li­ga­nisme aggravé ». Le pro­cu­reur deman­dait une peine de 6 ans de régime durci, il a reçu 4 ans et demi de régime durci.

Aliaksandr Frantskievich a été condamné pour les actions contre le syndicat étatique, le quar­tier géné­ral de l’armée et un com­mis­sa­riat à Soligorsk, consi­dé­rées comme « hoo­li­ga­nisme aggravé » ainsi que la dégra­da­tion du site inter­net de la ville de Novopolotsk (« Sabotage électronique », « accès illé­gal à des infor­ma­tions électroniques », « Développement, usage ou dis­tri­bu­tion de logi­ciel mal­veillant » (arti­cle 349 para­gra­phe 2, arti­cle 351 para­gra­phe 2, arti­cle 354 du Code Pénal Biélorusse). Le pro­cu­reur deman­dait 5 ans de régime durci, il a fina­le­ment reçu 3 ans de régime durci. Des images du site piraté sont dis­po­ni­bles là : https://bela­rus.indy­me­dia.org/20141

Maxim Vetkin a été condamné pour les actions contre la BelarusBank et l’ambas­sade de Russie. Il a col­la­boré avec les enquê­teurs et a témoi­gné contre les autres. Il a reçu une peine de 4 ans dans une prison de « faible sécu­rité » selon la demande du pro­cu­reur. Il a été tem­po­rai­re­ment libéré.

Yevgeni Silivonchik a été condamné à 1 an et demi de prison de « faible sécu­rité » pour l’atta­que de Soligorsk. Il a, lui aussi, col­la­boré avec les enquê­teurs et a témoi­gné contre les autres inculpés.

Les inculpés devront verser 100 mil­lions de rou­bles bié­lo­rus­ses (envi­ron 14 000 euros) de dom­ma­ges et inté­rêts aux ins­ti­tu­tions concer­nées.

Alinevich, Dziadok et Frantskievich nient leur impli­ca­tion à l’excep­tion de l’action au quar­tier géné­ral de l’armée. Ils pen­sent faire appel, mais la cour d’appel pour­rait dis­tri­buer des peines encore plus sévè­res. La cour euro­péenne de Strasbourg n’est pas une option pour les Biélorusses, du fait que la Biélorussie est exclue du Conseil de l’Europe.

Valentina Alinevich, la mère d’Ihar, a déclaré « Hier, les enfants d’un autre étaient arrê­tés, et nous pen­sions que ce n’était pas notre pro­blème. Aujourd’hui, ils ont arrêté nos enfants. Demains, ils arrê­te­rons les enfants d’un autre. Prenez garde ! Ne lais­sez pas faire ! » Elle a aussi sou­li­gné le rôle de la Russie dans l’affaire d’Ihar : « La Russie a accepté l’enlè­ve­ment d’une per­sonne sur son ter­ri­toire. C’est une vio­la­tion scan­da­leuse des droits de l’Homme, qui c’est dérou­lée avec l’assen­ti­ment des auto­ri­tés russes. » Souvenez vous que le 28 novem­bre, Ihar Alinevich a été enlevé à Moscou par les agents d’une force spé­ciale non iden­ti­fiée et trans­féré illéga­le­ment (en pas­sant la fron­tière) au centre de déten­tion pro­vi­soire du KGB à Minsk.

Aliaksandr Dziadok, le père de Mikalaj et avocat expé­ri­menté, qui a aussi exercé comme juge, a fait la décla­ra­tion sui­vante à la presse : « Il y a eu beau­coup de vio­la­tions au cours de l’ins­truc­tion. Les chefs d’inculpa­tions ne sont pas prou­vés. La peine est injuste et illé­gale. Une cour objec­tive et res­pec­tueuse des lois aurait n’aurait pas retenu les char­ges contre les inculpés. » Aliaksandr Dziadok a com­paré l’affaire des anar­chis­tes avec l’affaire des inculpés du 19 décem­bre (la com­pa­ru­tion des mani­fes­tants contre la fal­si­fi­ca­tion des élections pré­si­den­tiel­les, qui avait lar­ge­ment attiré l’atten­tion inter­na­tio­nale).

Anarchist Black Cross Belarus consi­dère que les peines sont poli­ti­ques et que les char­ges ne sont pas prou­vées. Par ailleurs, toutes les actions pour les­quel­les les inculpés ont été condam­nés peu­vent être consi­dé­rées comme non vio­len­tes. Aucun être vivant n’a été blessé a la suite de ces actions. La plu­part des atta­ques étaient seu­le­ment sym­bo­li­que et les domma­ges maté­riels insi­gni­fiants.

Le compte rendu de chaque jour du juge­ment est dis­po­ni­ble sur Indymedia Belarus.

« Bravant la loi », un docu­men­taire vidéo a propos de l’enquête et du jugement des anar­chis­tes bié­lo­rus­ses est dis­po­ni­ble là : http://rutube.ru/tracks/4469719.html. Des ver­sions sous titrées en Français et en Anglais seront dis­po­ni­bles d’ici quel­ques jours.

Anarchist Black Cross Belarus

Source

P.-S.

Ajout de l’Anarchist Black Cross Moscou :

Le 18 mai, une autre « affaire des anarchistes » a pris fin en Biélorussie : Yawgen Vaskovich, Paval Syramalotaw, et Artsyom Prakapyenka ont été condamnés à chacun 7 ans de prison pour une action directe contre les locaux du KGB dans la ville de Bobruysk. Le problème dans cette affaire étant que bien que les médias décrivent ces trois personnes comme des anarchistes, aucun d’eux n’avait de connexion avec le mouvement anarchiste existant et les tentatives de rentrer en contact avec leur proches et il n’a pas été possible de leur apporter du soutien avant le jugement. Cependant, cela sûrement possible durant leur longue peine de prison. Notes

[1] « Régime durci » signifie des restrictions exceptionnelles en terme de visites, courrier, colis et autres « privilèges carcéraux ».

[2] Les syndicats jaunes rejettent la lutte de classe, s’opposent aux grèves et favorisent la collaboration entre le capital et les travailleurs."