mardi 14 juin 2011

Affrontements devant le commissariat central de Turin, Italie

"Traduit de l’italien de macerie @ Giugno 10, 2011

Le commissariat du Cours Verona, siège du bureau de l’immigration de la police turinoise, a appelé, jeudi 9 juin, une quarantaine d’ Egyptiens et les a invités à se présenter pour compléter les dossiers afin d’obtenir des permis de séjour... mais c’était en fait des expulsions prévues pour eux. Ils ont alors été chargés de force dans les fourgons et transférés au commissariat central de la rue Grattoni. Devant le cours Verona, il n’y avait que trois ou quatre solidaires et une dizaine de proches, mais l’information a circulé rapidement et de manière efficace, si bien qu’en peu de temps un rassemblement d’une soixantaine de personnes s’est formé entre personnes solidaires, amis et proches.

En plus des unités mobiles de la police et des carabiniers pour protéger l’entrée du commissariat, on a pu entrevoir un responsable de la direction du centre de rétention de corso Brunelleschi, et plus d’un fonctionnaires de la Digos (« police politique ») assez nerveux. Le rassemblement était déterminé à rester là, malgré quelques militants cherchant à calmer les esprits, promettant des actions légales, des rencontres avec le commissaire et des coups de téléphones aux journalistes.

En quelques instants, les forces de l’ordre se sont transformés en anti-émeutes, cherchant à bloquer d’abord un côté, puis l’autre de la rue. Il était alors alors clair qu’ils cherchaient à charger les personnes sans papiers dans un bus pour les expulser vers l’aéroport, mais cela ne se fait pas facilement sous le nez d’un ami ou d’un frère !

Aux cris de « liberté, liberté » que les personnes solidaires criaient de dehors, accompagnés de réponses des égyptiens dedans, un tour un peu plus large a été fait, pour éviter les blocs des flics venant du cours Vinzaglio, et pour tenter de bloquer le bus des déportations des amis à l’intérieur. Nous nous sommes divisé.e.s en deux groupes pour tenter de couvrir toutes les directions possibles.

La ville offre de bons instruments aux yeux de ceux qui les cherchent, et en moins de temps qui ne faut pour le dire, les bennes à ordures ont été renversées au milieu de deux rues, et leur contenu a commencé à voler en direction des flics et des carabiniers, qui voulaient repousser les manifestants. Les tubes en fer d’un chantier, une partie des pavés de la rue, d’autres ordures en plus : tout sert pour affronter les flics et ralentir le trafic, qui se paralyse en quelques minutes, rendant difficile le trajet des fourgons venus aider les bus de la déportation. Le petit groupe de militants italiens qui précédemment espérait résoudre la situation par un bavardage avec le commissaire, s’est tout de suite volatilisé, alors que sur le cours Matteotti, les manifestants affrontaient une grenade lacrymogène et que l’autre groupe, sur le cours Bolzano, s’est livré à un corps à corps contre les agents hors d’eux.

Mais lorsque l’info est venue que les bus avaient réussi à partir, le frémissement d’émeute s’est refroidi ; quelques un.es sont allés à l’aéroport pour tenter de voir les expulsés, quelques autres se sont dispersés pour ne pas faire de mauvaises rencontres.

Il y a eu quelques blessures du côté des manifestants, et de celui des forces de l’ordre, on n’en sait rien. La digos a peu de raison de s’agiter... Quand, en une heure de temps, ton oncle, cousin, beau-frère, frère, t’es enlevé, et en plus à l’aide d’un piège, la chose la plus naturelle est de s’enrager et de tenter de l’empêcher. La chose la plus belle est de le faire ensemble, dans la rue.

Et de réussir à le faire réellement ..."

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