Contre les expulsions Contre tous les sbires de l’administration des centres de rétention
Pour un monde sans frontières Pour une vie auto-organisée, sans papiers et sans autorités
Solidarité avec les révoltes de chacun-e de ceux/celles qui s’opposent aux contrôles, à l’enfermement et à l’exploitation
Considérant l’hostilité instillée entre nous, à travers le racisme et le nationalisme, entre celles et ceux dont la vie et la force de travail sont broyées en raison du même ordre social ;
considérant l’oppression que ressentent tou-te-s celles et ceux qui veulent beaucoup plus de la vie que la minuscule part que nous concèdent encore les normes de cette société ;
considérant les humiliations quotidiennes exercées par la police, les chefs, les fonctionnaires, les enseignants et autres autorités ; considérant que pour tous nos problèmes, nous n’attendons depuis longtemps plus rien des politiciens et des institutions.
Nous n’exigeons rien de l’état. Parce que c’est justement lui qui est à la racine de nos problèmes. Nous ne comptons sur aucune amélioration des rapports sociaux, si ce n’est sur celle que nous inventerons nous-mêmes et pour laquelle nous devons nous battre.
Celle ou celui qui ose encore rêver et se révolter sent que tout pourrait bien être complètement différent. Portons ce rêve dans la rue. Tout changement dépend de nous...
Ce samedi, le nombre de cars de flics et de flics en civil augmentait déjà quelques heures avant 20h et ils contrôlaient les nombreuses personnes qui passaient à Örlikon dans les rues alentours du point de rendez-vous. A plusieurs stations de bus, il y avait des unités de police, sur la place du marché, au centre d’Örlikon, il y avait plusieurs cars de flics. Devant le poste de police, un canon à eau se tenait prêt. Vers 20h, environ 6 cars de flics anti-émeutes se sont positionnés sur le lieu de rendez-vous, place Bernina, où ils ont contrôlé les personnes présentes. Un groupe d’environ 6 personnes a été encerclé à l’arrêt de tram et placé en détention pour 2-3 heures. D’autres personnes contrôlées dans les environs ont été arrêtées, mais toutes ont été relâchées après quelques heures. Une personne s’est faite tabasser pendant l’arrestation. Derrière le service d’immigration, juste à côté du point de rendez-vous, 20 autres flics attendaient en tenue de combat. C’était difficile d’arriver au point de rendez-vous sans être contrôlé, et presque impossible de s’y rassembler. Les flics n’ont pas lésiné pour tout étouffer dans l’œuf. Il n’y a eu aucune manifestation.
Nous ressentons de la complicité avec tou-te-s celles et ceux qui se sont sentis touchés par les idées exprimées qui, malgré un certain risque de la démarche, se sont rendus sur les lieux avec la volonté de donner une expression collective. Ils peuvent empêcher une manifestation, mais ils ne peuvent pas briser les complicités que l’idée a fait naître et qui peut en produire mille autres.
On se reverra dans la rue.
[Traduit de l’allemand de indymedia.ch]"
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"Ce tract a été distribué dans les rues d’Örlikon par rapport à la manifestation du 18 décembre contre les expulsions et l’état, qui a été empêchée par la police :
Samedi dernier, ils nous ont pris l’espace, mais chaque moment qui peut nous permettre de le reconquérir nous appartient
Tous les jours nous traversons les rues de cette ville, de la maison au travail, du travail au magasin, du magasin à la maison ; parfois avec de petits détours. C’est l’habitude même qui voile la possibilité inhérente à chacun de ses moments de nous décider à rompre maintenant avec elle. Afin de poser de nouvelles questions, de faire de nouvelles expériences et de nous battre pour avoir l’espace nécessaire pour le faire, dans une perspective émancipatrice. Nous voulons créer des moments qui rendent visibles la possibilité de cette décision.
Quiconque passait dans les rues d’Örlikon samedi soir dernier ne pouvait presque pas le faire sans remarquer que la police sillonnait toutes les rues, agitée comme une puce. Il se passait quelque chose. Il devait bien se passer quelque chose. Quelque chose qui les poussait, en civil ou en uniforme, à se tenir à chaque coin de rue, à stopper des gens, à les fouiller et à en arrêter plus d’une douzaine "préventivement" (en cassant auparavant la figure à une personne avec cette saloperie de flashball). Il devait bien se passer quelque chose, pour que plusieurs cars de police se trouvent sur la place du marché et pour qu’un canon à eau se tienne prêt devant le poste. Une chose pour laquelle peu de temps avant 20h, ils ont positionné 6 cars, pendant que 20 flics prêts au combat était à l’affût derrière le service d’immigration, dont les vitres ont encore été brisées. Vu le déploiement des forces de l’ordre, il devait y avoir quelque chose qui ne devait se passer à aucun prix...
De fait, comme ce fut annoncé sur d’innombrables affiches sur les murs, dans des bars et des petits commerces à peu près partout dans la ville, une manifestation devait partir de la place Bernina. Juste à côté du service d’immigration, là ou des sans-papiers sont obligés de mendier une autorisation quotidiennement pour avoir le droit de se faire autant exploiter que tou-te-s les autres, mais dans des conditions encore plus viles. Nourris de l’immonde machination raciste des derniers mois, cela aurait pu être un moment pour exprimer collectivement notre rage et nos idées, de quelque manière que ce soit. L’appel à la manifestation n’était pas uniquement contre les expulsions mais aussi contre tout l’ensemble qui se charge de diminuer, d’enfermer et d’expulser des êtres humains : contre l’autorité et l’état.
Elle aurait pu être une rencontre de personnes qui chient sur les papiers, les bouts de tissu que sont les drapeaux, ou n’importe quelle autre catégorie construite par l’état, qui ne sont là que pour nous séparer les un-e-s des autres. Une rencontre possible donc, de désirs qui s’opposent fondamentalement à ce monde, de la détermination à transgresser des frontières et à abattre des murs. Même si celles et ceux qui se sentaient concerné-e-s par cet appel étaient nombreu-x-ses, il était impossible de se rassembler dans une armada de policiers qui, d’après leurs propres mots, « ne peuvent absolument plus rien tolérer après ce qui s’est passé suite au dernier vote [1] ». Eh bien nous n’attendrons certainement pas votre tolérance. La force qui nous permet de nous battre pour des espaces dans lesquels partager et faire exister des idées anti-autoritaires n’est pas militaire et ne le sera jamais. Elle tient au caractère social de ces idées, à notre force de création et à notre détermination. Il y a mille chemins de la révolte.
Balayons la froideur et la résignation de nos têtes pour que leurs gardiens, les flics, soient un jour balayé des rues. Pour créer des moments dans lesquels les relations entre celles et ceux qui se sentent écrasé-e-s par ce monde nous passionnent et adviennent dans la solidarité et la disponibilité au combat.
Pour conclure avec les mots qui concluaient l’appel à la manifestation :
Tout changement dépend de nous...
[Traduit de l’allemand de
Notes
[1] Le 28 novembre à Zürich, au cours de la manifestation qui a eu lieu en réaction à l’initiative pour l’expulsion qui avait été acceptée, plusieurs banques, magasins de luxe et bâtiments de l’état ont été attaqué."
http://non-fides.fr/?Zurich-A-propos-de-la