mardi 7 septembre 2010

Chili : appel à la solidarité internationale

"Depuis le $hili, nous lançons un appel à la solidarité internationale Nous lançons un appel aux solidaires du monde entier à s’informer de la situation chilienne depuis le 14 août dernier, où a commencé un processus d’emprisonnement et de persécution judiciaire aux groupes anarchistes, libertaires et antiautoritaires.

Septembre 2010

Squat.net, 5 septembre 2010

Multiplions les actions !

Nous sommes celleux qui avons grandi en démocratie et avons compris qu’un système tyrannique comme celui de Pinochet s’achève par la force, la sortie concertée de la dictature ne fait que mettre en évidence que le système démocratique actuel n’est rien de plus que son extension planifiée.

Nous sommes celleux qui ont grandi voyant comment étaient emprisonnées et assassinées celleux qui continuaient de lutter et dénoncer les injustices sociales, nous sommes celleux qui marchent exigeant la mise en liberté de ceux-ci, nous sommes celleux qui ont vu entrer en léthargie celleux qui avant se disaient rebelles et aujourd’hui marchent soumis, croyant en la paix sociale, nous sommes celleux qui ont vu comment le progrès a harassé nos forêts, les rivières, les mers, l’air... nous sommes les témoins des alliances machiavéliques de ces gouvernements démocratiques avec les plus grandes et tyranniques puissances mondiales, nous sommes témoins des TLC, de l’APEC à Santiago en 2004, nous sommes celleux qui ont fait éclater la révolte dans la rue ces jours-ci, nous sommes celleux qui ont regardé les guerres télévisées du Moyen-Orient, nous avons vu comment le peuple mapuche continue d’être réprimé au sud, comment les populations en périphérie, auparavant combatives, sont aujourd’hui bourrées de drogue qui anéantissent les enfants, nous avons vu comment l’endettement consomme nos parents, comment nos rêves paraissent impossibles limités par l’argent, nous sommes témoins de comment les rues se remplissent de caméras et de policiers et sommes aussi celleux qui sortent chaque 11 septembre et chaque 29 mars et chaque fois que l’on peut, pour montrer notre haine de cette société fracassée, nous sommes ce molotov qui a éclaté sur "La Moneda" en 2006 et tous ceux qui atteignent la police, nous sommes chacune de ces bombes qui éclatent pour déstabiliser ce système et nous avons vu en nos corps comment la loi est chaque fois plus dure et coercitive, comment le capitalisme avance et détruit nos vies et notre entourage.

Nous sommes une nouvelle génération de rebelles, neuves aussi sont nos formes, différentes des précédentes. Nous sommes toutes et chacune de nos compagnons qui durant ces vingt dernières années de démocratie, sont morts à l’attaque, nous sommes Claudia, Johnny, Matias, Rodrigo, Alex, Daniel, Mauri...

Aujourd’hui nous lançons un appel à l’agitation, ceci est le violent scénario que la démocratie prétend déguiser en bien-être social, des hommes, des femmes et des enfants ont commencé de grandir insoumis et pendant ces années il y a eut une croissance qualitative importante entre celleux qui avons embrassé les idées antiautoritaires et libertaires, les centres sociaux se sont multipliés, les maisons okupées, les projets autonomes d’auto-suffisance, les éditions indépendantes, les bibliothèques, la propagande, nos esprits n’ont cessé de grandir et nos coeurs se sont emplis de solidarité, d’entraide, de camaraderie, nous avons appris à relationner loin des formes autoritaires qui nous sont imposées, nous avons construit nos espaces avec sueur et amour, nous avons mené à bien des apprentissages dans différents domaines qui rompent avec la logique de spécialisation du travail, nous avons lancé des potagers, des affinités dans différentes villes où se multiplient aussi les initiatives libertaires et anarchistes, nous avons appris à nous alimenter le plus loin possible des industries mortifères, nous apprenons à rendre nos enfants les plus libres et créatifs que l’on puisse. Nous nous sommes proposées de récupérer (nos vies ? NdT) et chacune de nos pratiques de liberté sont des attaques, nous avons aussi dû nous confronter aux sbires de la prison et nous avons dû perfectionner nos techniques de conspiration et d’attaque.

Rien n’est gratuit, la manière dont nous avons choisi de vivre nos vies est une menace, nous en avons payé le prix, nous avons été suivies, nos téléphones mis sous écoute, nos maisons surveillées, malgré tout plus d’une centaine de bombes ont troublé la tranquillité de l’ordre que nous méprisons, des banques, des institutions gouvernementales, des églises, des centres commerciaux, des commissariats, des ambassades ont été la cible d’attaques qui prétendent mettre en évidence leur fragilité comme la possibilité certaine de pouvoir en finir avec eux, des explosions qui cherchent à réveiller les esprits et ouvrir les voies vers un monde nouveau, parce que celui-ci nous dégoûte. Des explosions violentes car cet ordre nous fait violence au quotidien. Aujourd’hui nous nous confrontons à une horde policière, judiciaire et médiatique, avec laquelle l’Etat prétend nous annihiler, ils ont créé un grand montage, une association illicite terroriste basée sur nos relations d’amitié, de camaraderie, une grande structure verticale avec ses leaders, ses exécutants et complices.

Dans le coeur de chaque libertaire ou anarchiste il y a la certitude de ce mensonge. Nous avons actuellement des camarades prisonnières, entre ex "lautaristes" et anarchistes pour le "caso bombas", d’autres avec des procès en cours, d’autres en fuite, un de nos camarades morts, nos maisons ont été perquisitionnées et les emprisonnements continuent. Ils cherchent à nous neutraliser, nous éliminer.

Nous lançons un appel a toutes les individualités dans et hors de ce territoire, à la solidarité internationale, à s’informer, à agir, à diffuser que dans ce coin du monde on cherche à anéantir nos idées, taire nos voix, nous avons besoin de l’appui et des forces de tous et toutes celleux qui assument le conflit permanent avec l’Etat et le capital, nous avons plus que jamais besoin de démontrer que nous ne sommes pas seules, que nous sommes des milliers à travers le monde. Nous avons besoin de rendre contagieuse notre rage, et il est nécessaire que la solidarité devienne pratique et arme contre qui veut nos têtes. Nous sommes touchées mais pas vaincues !

Mauri présent !"

http://cettesemaine.free.fr/spip/article.php3?id_article=3448