vendredi 16 mars 2012

L’agence de propagande nucléaire "H5" ciblée à Paris.

"L’agence de propagande nucléaire "H5" ciblée à Paris.

Il y a un an, trois des quatre réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi explosaient ou se fissuraient, libérant pendant des mois des millions de particules radioactives. Des régions entières sont contaminées pour des centaines d’années, des milliers de personnes sont déplacées et il est encore bien trop tôt pour mesurer toutes les conséquences de ces évènements, d’autant plus que les réacteurs ne sont toujours pas sous contrôle. Bref, le résultat est déjà monstrueux et ce n’est qu’un début. Bien qu’ayant été directement provoqué par le tremblement de terre et le tsunami du 11 mars, ce qui s’est passé à la centrale n’a évidemment rien d’une catastrophe naturelle et le nucléaire, avant même d’être une question d’énergie, est avant tout une question de puissance d’Etat.

Certains de ces Etats détiennent l’arme atomique, ce qui leur permet d’exercer un chantage permanent à la fin du monde si leur souveraineté est remise en cause. Ce n’est d’ailleurs pas qu’un chantage puisque depuis 20 ans les armes à uranium appauvri sont régulièrement utilisées dans les conflits (Irak, Yougoslavie, Libye) avec des conséquences irréversibles pour les populations. Ces armes utilisent une partie des déchets de l’industrie nucléaire, ce qui montre cyniquement tout l’intérêt que cette industrie porte au recyclage. Ce qui montre aussi l’extrême porosité entre le nucléaire dit civil et militaire. Le nucléaire n’est pas seulement porté par un lobby industriel en quête de profits faciles, c’est surtout une logique d’Etat qui vise à assurer sa puissance et à soumettre sa population.

Dans cette stratégie d’acceptation du nucléaire, la propagande joue un rôle fondamental. En France, tout ce qui relève du nucléaire relève de la raison d’Etat et donc rapidement du secret qui va avec. Areva et l’Etat, entre autres gestionnaires du nucléaire, veulent convaincre que l’époque Tchernobyl du secret et des mensonges est révolue, mais cette apparente transparence autour de Fukushima sert toujours le même objectif : faire accepter le nucléaire comme moderne et inéluctable et prévenir toute contestation qui pourrait surgir, notamment lorsque des millions de personnes sont irradiées.

L’agence de communication H5 est évidemment l’un des rouages de cette machine de propagande du nucléaire. En réalisant plusieurs spots publicitaires pour Areva, dont le dernier en 2011 s’appelait « l’Epopée de l’énergie », H5 a touché le pactole pour nous vendre un nucléaire moderne, cool et branché. Dans ce spot au style très attrayant, le nucléaire est présenté comme l’évolution logique et naturelle de l’humanité dans sa quête de progrès, ainsi toute critique du nucléaire est renvoyée à du passéisme archaïque. H5 n’a pas fait les choses à moitié avec ce vrai spot de propagande, qui se finit par une soirée dansante où des gens se déhanchent tout à la joie de cette convivialité nucléaire accompagnée d’un slogan écolo très tendance « l’épopée de l’énergie, continuons de l’écrire avec moins de CO2 », mais sans doute avec un peu plus d’uranium et de plutonium…

Bien sûr, H5 s’en fout un peu de tout ça, leur unique objectif de publicitaires à la con est de se faire de l’argent en défendant n’importe quelle marque, comme le montre la diversité de leurs spots réalisés : Nissan, Total (là ça a du être un peu difficile de recycler le slogan sur l’avenir avec moins de CO2, mais les publicitaires ne s’arrêtent pas à ce genre de détail) ou Logorama pour la caution artistique. Mais c’est bien de rappeler à ces ordures que le monde n’est pas un grand film d’animation avec des petits bonhommes confiants dans leurs autorités qui font la teuf au milieu de la merde nucléaire et capitaliste. Voilà les quelques raisons un an après Fukushima qui nous ont amené à cibler cette entreprise.

A Paris, dans la nuit du 11 mars 2012, nous avons dégueulassé la façade de l’agence H5, située au 25 rue du faubourg poissonière dans le Xème arrondissement. Nous avons peint dans le hall "H5 = société de propagande nucléaire = société mortifère". Ludovic Houplain, le fondateur de H5 qui a notamment signé le clip de propagande d’AREVA, n’a pas non plus été oublié. Le hall de son immeuble bourgeois, situé au 21 rue Ampère dans le XVIIè, a été tagué d’un "Houplain (H5) s’engraisse avec le nucléaire", ainsi que " société nucléaire = société mortifère". Nous nous sommes aussi rendus chez François Alaux au 35 rue des Trois bornes dans le XIè. Celui-ci est le gérant de la société ENCORE (située au 13 rue Yves Toudic dans le Xè) et a notamment participé, au côté de H5, au premier clip de propagande pour AREVA. Nous avons tagué dans le hall de ce porc "François Alaux s’engraisse avec la propagande du nucléaire". Il aura l’air beaucoup moins fier à pousser son scooter que nous avons joyeusement défoncé.

Ces actions n’ont pas la prétention de répondre à la hauteur de l’abjection de leur spot de propagande mais allier le discours à un peu de pratique directe nous semble toujours intéressant dans la perspective de critiques et de luttes contre les différents aspects de notre société nucléaire.

Les rouages de la société nucléaire sont partouts. SABOTONS-LES, ATTAQUONS-LES"

indy