"AFP, 07.11.2010, 13h18
Fin de parcours chaotique pour le train de déchets radioactifs parti vendredi de la France en direction de l’Allemagne. Après les perturbations côté français, des militants antinucléaires allemands ont poursuivi dimanche les opérations visant à retarder le convoi qui ramène 123 tonnes de déchets nucléaires vers l’Allemagne.
Globalement pacifiste, le mouvement antinucléaire a pris ponctuellement une tournure violente.Très tôt dimanche, deux activistes se sont suspendus en rappel depuis un pont, en travers de la voie, faisant perdre plus de deux heures et demie au train.
La police est ensuite intervenue avec des matraques et des gaz lacrymogènes contre quelque 250 personnes qui cherchaient à retirer le ballast de la voie ferrée que devrait emprunter le convoi près de Metzingen, à une trentaine de kilomètres de sa destination finale, le centre de stockage de Gorleben, placé sous haute surveillance policière.
Malgré ces retards répétés, le convoi est toujours attendu dimanche à son terminus ferroviaire de Dannenberg. Là, les conteneurs seront chargés sur des camions pour effectuer les 20 km restants avant Gorleben.
Entre 20 000 et 50 000 manifestants à Dannenberg
Jamais autant d’Allemands ne s’étaient mobilisés à l’arrivée d’un train transportant des déchets nucléaires. Samedi, environ 50.000 personnes selon les organisateurs, 20.000 selon la police, se sont rassemblées dans un champ de maïs à Dannenberg. Beaucoup étaient venus de loin, parfois avec leurs tracteurs, au milieu des banderoles et drapeaux jaunes frappés d’un soleil rouge - un symbole des antinucléaires allemands.
Le convoi composé de 14 wagons est entré en Allemagne via le pont qui enjambe le Rhin entre Strasbourg et Kehl. Un trajet qui a divergé du projet initial pour éviter les manifestants qui attendaient le convoi à 60 km plus au nord.
Lors d’une longue pause technique en gare de Kehl, six wagons transportant des policiers allemands ont été attelés au convoi pour le protéger des manifestants. Cette halte a en outre permis de s’assurer qu’il n’y avait « aucune anomalie » sur le train, selon la police, alors que Greenpeace avait repéré une surchauffe sur un essieu, sur la base d’images infrarouge.
Matraques contre jets de pierre
Certains antinucléaires n’ont pas hésité à retirer le ballast sous les rails, des actes qualifiés de « délit » par la chancelière Angela Merkel. La police est intervenue près de Dannenberg à coups de matraques et de sprays au poivre pour déloger des manifestants qui leur lançaient des pierres et des pétards.
Le mouvement antinucléaire reprend vigueur depuis que le gouvernement conservateur-libéral a décidé de prolonger la durée de vie des 17 réacteurs du pays. Les députés ont voté fin octobre cette prolongation, de douze ans en moyenne, reniant ainsi l’abandon du nucléaire civil voté à l’époque du chancelier social-démocrate Gerhard Schröder qui a dirigé le pays entre 1998-2005."
AFP.