"On l’a surnommé le "ninja". Ce personnage, dans une vidéo largement diffusée après la manifestation parisienne du 16 octobre contre la réforme des retaites, donne un coup de pied sauté à quelqu’un qui tente d’empêcher une dégradation de vitrine. Une vive polémique est née à la suite de ces images autour de la possibilité que ce "ninja", qui tient ensuite la foule à distance, soit un policier (voir ci-dessous).
COMPARUTION IMMEDIATE DOUZE JOURS APRES L’INTERPELLATION
Lundi, un homme, soupçonné d’être ce manifestant violent, était présenté en comparution immédiate au palais de justice de Paris. Il a demandé le report de son audience, qui a été fixée au 6 décembre. Il avait été interpellé le 28 octobre dans un squat du 20e arrondissement parisien. La procédure intervient plus de dix jours après son interpellation dans le cadre d’une commission rogatoire, pour une autre affaire de dégradations commises il y a plusieurs mois. L’enquête vise notamment des atteintes contre des distributeurs de billets.
Placée en garde à vue puis libérée sous contrôle judiciaire, la personne interpellée a été mise en examen, avant d’être placée de nouveau en garde à vue vendredi soir, cette fois-ci pour les violences commises lors de la manifestation parisienne.
L’homme comparaissait lundi pour des faits de "dégradations d’un bien privé en réunion", "violences volontaires n’ayant pas entraîné d’interruption volontaire de travail", avec la circonstance aggravante de dissimulation du visage, "refus de prélèvement biologique" en état de récidive et "refus de prise d’empreintes digitales", précise le parquet de Paris.
LE CASSEUR ET LE NINJA
Pour préparer sa défense, l’homme a donc obtenu le report de son audience. D’ici là, le juge a choisi de le placer en détention provisoire. Mais est-il vraiment le fameux "ninja" ? "On ne le sait pas, l’affaire n’est pas jugée", prévient son avocat, Adrien Devonec, qui rappelle la présomption d’innocence dans l’autre affaire. Le parquet dit disposer d’éléments identifiant la personne interpellée comme étant l’auteur du coup de pied.
"Sur la vidéo, on voit deux personnes : l’une qui tente de casser une vitrine de banque et une autre qui donne un coup de pied, qui serait mon client, selon le parquet. Or, je note que mon client est jugé pour des violences et pour des dégradations, des faits apparemment commis par deux personnes différentes", fait valoir l’avocat. Selon lui, cet argument a été repris par la victime du coup de pied, présente lundi au tribunal. Devant la salle d’audience de la 23e chambre du palais de justice de Paris, une quinzaine de personnes sont venues soutenir l’interpellé, mais ne voulaient pas répondre à des "questions de journalistes".
La médiatisation de cette affaire peut-elle nuire à la personne mise en cause, comme le suggère son avocat ? "En tout cas, c’est parce qu’il y a eu les accusations de Jean-Luc Mélenchon que les policiers se sont activés dans cette affaire. Dans une manifestation, des violences sans ITT (interruption temporaire de travail), cela arrive parfois, il n’y a pas toujours des articles et des enquêtes", note Adrien Devonec, qui refuse pourtant de parler de bouc émissaire."
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