"Pris dans l’étau entre le fric et les flics, nous avons saboté les automates à billets de plusieurs gares CFF pendant la nuit du 11 au 12 décembre, en réponse au nouveau règlement entré en vigueur hier dans l’ensemble du pays.
Des oublis, des stress, des galères d’argent, des refus de payer... nous en avons eu plus d’une fois et nous en aurons sûrement d’autres. Le fait est que nous peinons à comprendre avec quelle vision tordue la société considère la resquille comme un délit de plus en plus grave. Régulièrement, le flicage se durcit, la tolérance se rapproche de zéro, la justice réprime. A partir de maintenant, acheter son billet dans le train est systématiquement puni d’une amende, et on parle déjà d’interdiction de voyager à partir d’un certain nombre de récidives. La police ferroviaire est désormais armée, et ses contrôles arbitraires sont un outil de plus pour étendre la sphère d’insécurité des personnes sans permis de séjour. A quand la vidéo-surveillance avec reconnaissance faciale, et les portails de contrôle automatisés à l’entrée des trains ? L’étau se resserre, et nous avons le sentiment que ça ne va jamais s’arrêter.
On nous dit que les billets sont "encore trop bon marché". Pour qui ? En tous cas ni pour les jeunes, ni pour les vieux, ni pour les requérant-es d’asile, ni pour quiconque n’ayant pas le salaire confortable d’un cadre pendulaire. Lorsque l’on n’a pas de permis de conduire, les transports en commun restent un passage obligé. Dès lors, comment admettre que les prix augmentent et que cette entreprise monopolistique que sont les CFF continue de faire des bénéfices sur notre dos, tout en nous réprimant au moindre faux pas ? Tout cela n’a plus rien à voir avec un service public qui favoriserait le bien-être de l’ensemble de la population, au contraire.
Malheureusement, ce durcissement ne fait que participer à une tendance générale, où il est de bon ton de ne plus "faire de cadeau" aux pauvres, et où les riches se sentent dans leur bon droit d’exiger une sécurité et un confort absolus.
Nous ne souhaitons pas nous replier sur l’alternative de la voiture individuelle et polluante. Nous continuons à désirer une vie meilleure, où on voyagerait en commun et gratuitement. Nous avons attaqué des automates à billets, d’une part parce que nous sommes en colère contre cet ordre marchand, d’autre part pour offrir une course gratuite à une partie des passager-es. En solidarité aussi avec les fraudeurs et fraudeuses récidivistes qui continueront à développer d’autres techniques et stratagèmes.
Collectif CFF (Contrainte - Flicage - Fuck you)"
https://lereveil.ch/contrib/sabotage-en-reponse-au-nouveau