mardi 9 février 2010

[Vous paierez tout, vous paierez cher] Incendie du CRA de Vincennes: jugement le 17 mars

"Le tribunal correctionnel a mis son jugement en délibéré au 17 mars prochain dans le procès des dix personnes en situation irrégulière jugées depuis le 25 janvier pour l'incendie du Centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes le 21 juin 2008.

Le procureur de la République Gilbert Flam a requis mardi des peines allant de six mois à trois ans de prison ferme à l'encontre des dix prévenus. Pour sept d'entre eux, le ministère public a requis des peines égales ou supérieures à un an ferme.

Les prévenus et leurs avocats sont absents à l'audience depuis le début de semaine dernière. Les avocats avaient préféré quitter la salle lorsque la présidente, Nathalie Dutartre, avait décidé de joindre au fond du dossier leur demande de renvoi. "C'est passé de trois jours à trois semaines de procès sans aucun fondement légal", avait accusé dès le début de l'audience Me Irène Terrel, avocate de l'un des prévenus, pour qui "la décision de maintenir ces audiences est un déni de justice".

Ce procès devait initialement durer trois jours et se terminer le 27 janvier. Mais avec les différentes suspensions d'audience qui avait émaillé les débats, il n'avait pas pu vraiment débuter et avait été prolongé de deux semaines.

Les avocats de la défense doivent tenir une conférence de presse mercredi après-midi, à l'heure à laquelle ils auraient dû plaider en faveur de leurs clients.

Les dix prévenus devaient répondre de leur implication présumée dans l'incendie et le saccage du CRA de Vincennes, le plus grand centre de rétention de France. Ils n'étaient que six au premier jour du procès dans la salle d'audience et tous nient avoir participé à l'incendie. Ces dix étrangers originaires d'Afrique noire et du Maghreb ont été renvoyés par le juge d'instruction Alain Nguyen, qui a suivi le réquisitoire du parquet, pour "destruction de biens par incendie" et "violence volontaire sur agent de la force publique".

L'incendie du CRA serait lié à une manifestation de protestation organisée au lendemain du décès dans sa chambre d'un Tunisien de 41 ans qui était en rétention. A la suite de sa mort, "un sentiment de colère est né chez certains retenus car ils accusaient l'administration du centre de rétention administrative de Vincennes" d'être à l'origine du décès, selon l'ordonnance de renvoi.

Cet incendie avait créé une polémique à la suite des propos du porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre qui avait accusé les "collectifs type RESF" de "provocations" aux abords de ces centres. "C'est le coup classique du pyromane qui crie au feu et dénonce des innocents", avait répondu le collectif Réseau éducation sans frontières.

Le MRAP s'est élevé mardi "avec force contre la sévérité" des réquisitions, qui ne tiennent pas compte, selon l'organisation, "des circonstances tragiques ayant débouché sur cette incendie". Dans un communiqué, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) explique que le décès du retenu tunisien est intervenu "alors même que certains de ses co-retenus avaient tenté en vain d'alerter la police pour obtenir qu'il soit immédiatement pris en charge médicalement".

S'il souligne qu'il ne peut "évidement approuver quelque incendie volontaire que ce soit", le MRAP dénonce "les conditions de rétention de plus en plus inhumaines qui règnent dans des centres de 'rétention' qui se transforment, de jours en jours, en véritable centre d'internement des étrangers". [Mais ferme ta gueule] AP"

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