samedi 19 juin 2010

No border : quelques grains de sables dans l’engrenage...

"Collectif NO BORDER Lille, Indy Lille, 8 juin 2010

Dans toutes les machines il y a des rouages. Dans la machine à expulser les étranger.e.s sans papiers, les rouages sont multiples. Administrations, tribunaux, entreprises privées et simples flics forment les roues à crans du grand mécanisme des expulsions. 28 000 humain.e.s transporté.e.s par an hors de France, des dizaines de milliers hors d’Europe : l’expulsion est une véritable industrie. La machine est désormais bien huilée et met à contribution des dizaines d’acteurs, larbins de l’Etat et collaborateurs notoires, entreprises en tous genres qui ont trouvé en ce domaine une source de nouveaux profits. Il suffit de lancer un appel à la concurrence et une volée de charognards se précipite pour construire des nouvelles taules, en préparer les plans, les entretenir et les nettoyer, prêter des charters, réserver des places sur les vols commerciaux, aménager des barbelés et des murs, installer des caméras et des bornes biométriques, etc.

SEMAINE D’ACTION CONTRE LES EXPULSIONS

Du 1er au 6 juin 2010 a eu lieu dans toute l’Europe la semaine d’action contre les expulsions. Cette semaine avait pour objectif de dénoncer publiquement cette machine qui brise des vies et mutile des êtres vivants, ce système européen xénophobe qui se permet de traquer, de harceler, de frapper et d’envoyer en prison des milliers de personnes pour le seul « crime » de ne pas avoir dans leur poche le bout de plastique qu’on appelle « papier d’identité ». Il s’agissait au cours de cette semaine, dans tous les pays, de prendre pour cible les acteurs de ce système et de les pointer du doigt, de montrer à tous la portée de leurs actes.

ACTIONS LOCALES

A Lille, le collectif no border nouvellement créé a voulu participer à cette semaine de solidarité en organisant des actions localement. Une première a eu lieu le mercredi 2 juin au centre-ville de Lille et la seconde le samedi 5 juin au centre-ville d’Arras. Ce communiqué a pour objet d’en faire un bref compte-rendu à l’attention de tous ceux qui n’ont pu y prendre part ou qui voudraient comprendre ce qu’il s’est passé.

Mercredi 2 juin, Lille - Balade contre les charognards de la machine à expulser (Carlson Wagonlit, Air France, Bouygues...*)

No Border Lille a organisé une joyeuse promenade lilloise contre les charognards qui collaborent à la construction de CRA (Centre de Rétention Administratif) tel que Bouygues, de rapaces qui participent aux expulsions comme Air France, de chacals qui spéculent sur les renvois dans d’autres pays à l’instar de Carlson Wagon-lit, et autres vautours qui attaquent la liberté d’expression en muselant les médias alternatifs (Bouygues là-encore). Armés de slogans assommants, de tracts qui frappent, de banderoles qui cognent, nous avons attaqué une partie de ces profiteurs du marché de l’immigration, rue Faidherbe, rue Nationale et rue de Béthune. Les flics ont fait l’honneur de leur présence à notre rassemblement dès lors que nous faisions trop de bruit dans la principale artère commerçante de la ville. Après de multiples attaques, l’assaut final, décidé de manière spontanée, a été lancé contre Carlson Wagon-Lit dont nous avons occupé les locaux à l’aide de nos derrières contestataires et de nos voix tonitruantes. Après un court laps de temps de quarante-cinq minutes, les milices du capital ont utilisé leur expérience d’expulsion pour nous déloger. Dans cette action, sept camarades ont été saisis, avec la finesse que l’on connait de la part des forces du désordre. Après un simulacre d’audition et quatre heures de promiscuité dans une cellule dégueulasse du sous-sol, les sept ont finalement été relâchés sans poursuites.

Samedi 5 juin, Arras - Banderole et tracts contre l’implication de la préfecture du Pas-de-Calais dans la chasse aux migrants du littoral (Calais - Dunkerque - Saint Omer).

Arras a été choisi parce qu’elle héberge la préfecture du Pas-de-Calais. L’aristo-préfet De Bousquet de Florian organise depuis Arras la traque des migrants du calaisis et coordonne l’intervention des forces de police qui contrôlent, frappent, gazent, harcèlent et insultent quotidiennement les migrants. La responsabilité de la préfecture de région dans les violences xénophobes perpétrées par l’Etat n’est pas à prouver, une seul journée à Calais permettant de s’en rendre compte de façon brutale. Elle se présentait donc tout naturellement comme cible pour cette semaine d’action.

Nous sommes donc arrivés à Arras vers 11h30. Nous avions choisi volontairement le jour du marché pour nous faire entendre et voir. Des camarades arrageois nous ont rejoint sur place. Vers 11h50, trois d’entre nous ont déployé la banderole de quinze mètres du haut du beffroi d’Arras, tandis que les autres se tenaient en bas sur la place pour diffuser les tracts aux passants. Il n’y a pas eu d’incident, ni avec les responsables du monument, ni avec la police, qui semblent avoir réagi un peu trop tard. Ça fait drôlement du bien de ne pas voir d’uniformes pour une fois ! L’accueil par la population était plus ou moins réservé, mais à aucun moment véritablement hostile, excepté un vendeur de portefeuilles en faux cuir, visiblement fascisant, qui nous a invité à « aller travailler » en nous lançant des cacahuètes. Un certain nombre de passants ont cependant exprimé leur sympathie pour nos revendications et notre action. Le reste des tracts a ensuite été distribué dans les boîtes-aux-lettres de la ville. Journée réussie.

NO BORDER, KESAKO ?

Le réseau No Border, qui s’est constitué en 1999 et réunit des milliers de militant.e.s à travers le monde, souhaite dénoncer cette situation et interroger l’existence des frontières et des nations, en demandant que celles-ci soient définitivement abolies afin que les libertés de circulation et d’installation ne soient plus le privilège de quelques-un.e.s aux dépens du reste de la planète. A travers des actions plus ou moins radicales, un soutien permanent aux personnes victimes de la machine à expulser et une sensibilisation à grande échelle des populations, le réseau No Border s’oppose à une réalité qui voudrait qu’on soit toujours séparé par des murs.

* Entreprises qui collaborent avec la machine à expulser (Nord, Pas-de-Calais) :

CWT (Carslon Wagonlit Travel) France SAS, 31, rue du colonel Pierre Avia, 75 904 Paris Cedex 1 CA mondial 21,3 milliards d’euros en 2008 CA France 750 millions d’euros en 2009 Carlson Wagon-lit Travel est une agence de voyage qui détient le monopole pour réserver les places d’avion, de bateau auprès de compagnies expulsant les sans-papiers et aussi pour les flics d’escorte. Mondialement, Carlson Wagonlit regroupe Nouvelles Frontières et Havas Voyages.

Bouygues : A travers ses différentes filiales dont Cirmad Prospectives et Norpac, il a aussi bien construit ou participé à la construction de CRA comme celui de Coquelles (Sangatte-Calais) que de postes de gendarmerie (Boulevard Louis XIV).

Norpac entreprise de construction:1 Avenue de l’Horizon, 59650 Villeneuve d’Ascq parc haute borne 305 millions d’euros de chiffre d’affaires 2009 Présent sur les secteurs du bâtiment, de l’industrie et de l’environnement sur le Nord, Pas-de-Calais, l’Aisne et en Belgique, réalise des ouvrages d’art de la Côte d’Opale jusqu’à la Franche-Comté.

Cirmad Nord "Le Sextant" - 1, rue John Hadley - BP 77 59652 Villeneuve d’Ascq 110 millions d’euros de CA en 2008 Axé sur le financement et la conception de projets immobiliers allant du développement d’opérations de centre ville, aux PPP (partenariats publics privés) en passant par les logements, les bureaux...

Air France 8 rue nationale 59000 Lille Air France est une filiale du groupe Air France KLM CA 5 milliards d’euros en 2009 Pour chaque expulsion, Air France accorde des points de fidélités qui, accumulés, octroient des billets gratuits aux flics escortant les expulsés.

Eurest et Scolarest (Compass Group) : repas, blanchisserie ou nettoyage (CRA de Coquelles, Lille-Lesquin...) ; 92 Rue Royale & 145 Rue de Lannoy, 59800 Lille.

Projex : Bureau d’étude, Construction du centre de rétention de Coquelles en 2003 ; 30 place Salvador Allende 59 650 Villeneuve d’Ascq.

Socotec : Bureau de contrôle, Construction du centre de rétention de Coquelles en 2003 ; Parc d’affaire Eurotunnel, 62 231 Coquelles.

Cosmos : Coordonateur SPS, Construction du centre de rétention de Coquelles en 2003 ; 2 bd du Gal Leclerc, 59 100 Roubaix.

Sobanox : Portails motorisés, Travaux de sécurisation du site abritant l’hôtel de police et le centre de rétention administrative de Coquelles ; 59 850 Nieppe

Colas nord picardie : Espaces verts, clôtures, Travaux de sécurisation du site abritant l’hôtel de police et le centre de rétention administrative de Coquelles ; 62 231 Sangatte.

Cegelec : Electricité, Travaux de sécurisation du site abritant l’hôtel de police et le centre de rétention administrative de Coquelles ; 59 441 Wasquehal

OTH (devenue IOSIS en 2006) : Maître d’ouvrage délégué, Construction du centre de rétention administrative de Lille-2 ; 33 av de flandre, 59705 Marcq en Baroeul.

BEPTCE HDM : Maîtrise d’oeuvre, Construction du centre de rétention administrative de Lille-2 ; 18 rue Jacques prévert,59650 Villeneuve d’Ascq.

Preventec : Bureau de contrôle, Construction du centre de rétention administrative de Lille-2 ; 30/36 place aux bleuets, 59000 Lille ; 77 Boulevard Gambetta, 59100 Roubaix.

Caroni Construction (Vinci) : Entreprise générale, Construction du centre de rétention administrative de Lille-2 ; 274 bd Clémenceau, 59700 Marcq en Baroeul.

Hollyday Inn : Hôtel, zones d’attente du port de Calais et de la gare Calais Frethun ; 6 Boulevard des Alliés, 62100 Calais ; Avenue Charles de Gaulle, 62100 Coquelles ; 75bis Rue Léon Gambetta, 59000 lille‎ ; 17 Rue Colson, 59800 Lille ; 3 Rue Docteur Brassart, 62000 Arras ; ..."

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