mardi 22 décembre 2009

Incendie à Paris : un architecte a eu chaud

Dans la nuit du 16 au 17 décembre 2009, deux foyers d'incendie ont été allumés contre le cabinet d'architectes Alain Derbesse, rue Decrès dans le 14ème arrondissement de Paris. Malheureusement les dégâts ont sans doute été trop limités.
Dans le hall de l'entrée, un grand tag précisait : "Concepteurs de prisons assassins !".

Dans un monde où il existe toujours plus de taules, où les possibilités d'atterrir dedans se multiplient, la prison est au passage une gigantesque machine à fric. De nombreux chacals se disputent le marché de l'enfermement.Au delà des constructeurs directs (Bouygues, Eiffage, Vinci...) et leurs sous-traitants ; il y a aussi les entreprises gestionnaires du quotidien (maintenance, alimentation, exploitation des prisonniers), et ... les cabinets d'architectes qui conçoivent les cages où d'autres crèveront à petit feu. Leur boulot est de répondre à un cahier des charges de l'Etat : empêcher les évasions, protéger les matons, isoler davantage les prisonniers,... pour une pacification maximale.Ils intègrent aussi un semblant d'amélioration du "confort" (douche en cellule, frigo,...), et l'accès à quelques "services" supplémentaires (plus de chaînes TV, plus de cantines, consoles de jeu,...), afin de multiplier les chantages individuels et désamorcer les critiques droit-de-l'hommistes.Les architectes font plus que répondre à la commande, ils reprennent à leur compte les objectifs de l'administration pénitentiaire tout en se sentant investis d'une mission supérieure.

Bernard Hemery, du Groupe Synthèse Architecture, associé au cabinet Alain Derbesse dans la conception du Centre de Détention de Vivonne, déclarait dans une fiche de présentation qu'on retrouve sur le site de l'APIJ :"Notre souci principal a été de donner une lisibilité très grande à l’espace carcéral pour une sûreté « naturelle ».""On a donc beaucoup travaillé les notions de « covisibilité » des postes protégés, en proposant une écriture moderne de l’espace panoptique, pour que les surveillants aient une vision complète, ce quiest aussi la condition d’une détention apaisée. Le détenu aussi a besoin d’être en sécurité. Être toujours dans un espace ouvert et contrôlé est rassurant.""Un établissement pénitentiaire n’est jamais bien accueilli par le voisinage, [...]. La qualité du béton est essentielle, le matériau va vieillir et se patiner pour mieux s’intégrer au paysage."

Le cabinet Alain Derbesse semble très satisfait de sa collaboration avec l'Etat puisqu'il a conçu pour lui en plus du Centre de Détention de Vivonne, celui du Havre, la Maison d'Arrêt du Mans, un Hôtel de Police, ainsi que la rénovation d'un Tribunal de Grande Instance. Espérons que ces crapules rencontreront d'autres inimitiés chaleureuses pour leurs nombreux services rendus à la Nation !

A bas toutes les taules !
Liberté pour toutes et tous !

Source: https://nantes.indymedia.org/article/19133